Jean DERIES
2 septembre 1930 – 14 avril 2018
Sur un sentier de haute montagne, Jean a franchi le col et disparu de nos regards. Il nous reste l'écho de son pas lourd, la trace de sa solide pogne dans notre main, le sourire et les yeux dans le cœur, les cheveux toujours en bataille dans le vent. Ses amis étaient nombreux comme les grains de sable, tant il vous gagnait à la joie de la conversation. Sa voix était reconnaissable entre toutes, on aurait aimé l’entendre encore et encore. Au fil des épreuves, la fraternité et la liberté ont tissé la trame d’une existence passionnée par l’Evangile en acte, en chemin et en esprit. Une immense gratitude nous habite, avec le regret qu'ici-bas ce soit déjà fini et que les plus jeunes et ceux à venir n'aient plus que du papier à lire quand il s'agissait de la Parole.
Né à Condrieu, sur les pentes viticoles du bord du Rhône, Jean est le sixième enfant d’une fratrie de onze. Education catholique, scolarité chez les Jésuites, ciel d’enfance lumineux entre Isère et Savoie, il fait l’apprentissage de la confiance, de l’autonomie et de la responsabilité dans un parcours scout de louveteau à routier, puis chef de troupe. Après un bac de philo au lycée public, il s’inscrit à la faculté des Lettres à Lyon. La confrontation avec les étudiants communistes et la relecture des années de guerre baignées de complaisance avec le pétainisme catholique bousculent le groupe d’étudiants catholiques dont il fait partie. Ce contexte les somme de positionner leur foi politiquement et philosophiquement. Jean découvre le personnalisme d’Emmanuel Mounier. Il pense au sacerdoce.
Louis Augros, supérieur du séminaire, répond positivement à sa demande et l’accueille à Lisieux. Ils seront dix de la dernière génération, dont Alain Carof et Georges Heude, avant le limogeage du Père Augros. Dans l’idéal de générosité et de pauvreté inspiré par les Actes des Apôtres, dans l’effervescence d’une créativité liturgique qui sait faire part aux événements du monde, et dans la confrontation politique et théologique de l’après-guerre, la Mission de France joue en même temps sa crédibilité et son avenir à Rome.
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