Rémy POURCHET 1928 - 2018
C'est une belle figure de l’Église en milieu ouvrier qui vient de disparaître : le 22 février Rémy Pourchet décède après une longue période de maladie qui l'a contraint à entrer en maison de retraite.
Né en 1928 dans le Haut-Doubs (25), il suit le cursus normal de ceux qui, très jeunes, se destinent à être prêtres dans la région… Aîné d'une fratrie de cinq dans une famille ouvrière, il est ordonné prêtre en 1954 à Besançon.
D'abord huit ans comme vicaire en Haute-Saône (70), il devient aumônier fédéral JOC, JIC, ACO, ACI. La conviction d'une justice à promouvoir et d'une nouvelle à annoncer lui fait répondre positivement à l'appel de la Mission ouvrière du pays de Montbéliard (25). Rémy écrit alors que c'était l'Evangile qui s'offrait à lui pour témoigner au quotidien du message de Dieu dans l'aujourd'hui des hommes. Prêtre, dira Serge Perrin lors de la célébration de son départ, Rémy s'est aventuré hors des sentiers battus en comprenant combien son annonce passait aussi par l’engagement d'une vie d'homme. Il répond par avance à la conviction du pape François : « Soyez présents aux périphéries ».
A quarante ans, il est embauché dans une entreprise de sous-traitance automobile : les établissements Wittemer à Seloncourt (25) - (250 ouvriers). Très vite il s'engage syndicalement à la CFDT et peu après adhère au parti socialiste. Il assume d'importantes responsabilités (délégué syndical, secrétaire du comité d'entreprise…). Au-delà de sa boîte il accepte d'être représentant des salariés de la sous-traitance automobile à l'Union locale du pays de Montbéliard.
En juin 1981, il y a eu le dépôt de bilan de son entreprise et avec une partie des salariés, il décide de fonder une SCOOP dont il est élu président par les copains. Cette aventure, compliquée certes, mais tellement exaltante, il la conduira avec brio jusqu'à sa retraite en 1988 et encore bénévolement trois années au-delà tant il pensait qu'il fallait réussir, se battre pour une dignité retrouvée. Tels sont les mots employés par Michel Gay, alors secrétaire régional de la CFDT, lors de la célébration du départ de Rémy.
Durant sa retraite, il poursuit son engagement dans le monde de l'insertion. Il souhaite que chaque homme se voit reconnu à partir de ses compétences qui lui permettent de réussir sa destinée d'homme. Il réalise notamment un projet d'aide à la réinsertion d’intérimaires et de travailleurs remerciés par l'usine Peugeot (25). Il participe aussi à la mise en place d'une association d'insertion et siège à la commission paritaire des ASSEDIC. Il sait bien que l'exclusion déshumanise durablement. Rémy, dira encore Serge Perrin, mène une lutte incessante contre le chômage et son action citoyenne se concrétise, durant don mandat de conseil de prévention de la délinquance, en qualité de conseiller municipal d'Hérimoncourt (25).
Dénoncer l'injustice où qu'elle se trouve était son obsession, même dans sa dernière année à la maison de retraite où il pensait, malgré la fragilité de sa santé, ''qu'il y avait toujours quelque chose à faire !!!''.
Rendre compte de ses nombreux engagements ne dira jamais assez combien Rémy était un super copain, plein d'humour et souvent joyeux.
Lors de ses obsèques, Louis Teknayan, de notre équipe de prêtres-ouvriers, dira à l'assemblée : « Rémy, Amen pour tout ce que tu as été, à la fois pour l’Église et pour la classe ouvrière… Tu es un sacré bonhomme, pétri de spiritualité et d'humanisme ». Ses neveux et nièces, qu'il avait rassemblés quinze jours auparavant à l'occasion de ses 90 ans, ont aussi exprimé leur attachement et leur fierté. ''Il restera pour nous celui qui a fédéré pendant toute sa vie en se rendant disponible et en se mettant au service des autres. Il a toujours été un homme de dialogue''.
Les copains prêtres-ouvriers de son équipe : Alexis Hôpital, André Perrot, Louis Teknayan et Michel Baverel vivent une cruelle épreuve, celle d'être bientôt les derniers d'une race qui s’éteint. L'évêque de notre diocèse, le père Dominique Blanchet, a réaffirmé la reconnaissance de l’Église envers Rémy et Gaby pour ces engagements de toute leur vie, non pas celle d'être bientôt une race qui s'éteint, mais plutôt celle d'une naissance douloureuse et incertaine de témoins, fruit de ce qu'ils ont semé de leur existence dans le cœur de ceux qu'ils ont rencontrés et dans la tendresse de Dieu.
Louis Teknayan, comme pour Gaby, a invité toute l'assemblée à signifier un Alleluia par des applaudissements.
Une équipe de laïcs et de prêtres en Mission ouvrière des diocèse de Belfort (90) et de Besançon (25).