Michel Gérault
Michel est ordonné dans l’église de son baptême en 1969. C’est peu de temps après les événements de 68, qui ont laissé des traces sur sa manière de considérer le ministère presbytéral. Prêtre à Cossé-le-Vivien dans le sud Mayenne, dès 1969, il est la cheville ouvrière de la mise en place de l’Equipe Associée à la Mission de France, qui a rejoint la Communauté Mission De France.
Prêtre à Cossé-le-Vivien dans le sud Mayenne, il s’investit au MRJC, près des employées de maison et des jeunes salariés. Dans ses prédications, il dénonce les conditions de travail et l’exploitation que pratique un certain nombre de chrétiens vis-à-vis du personnel employé chez eux. Bien évidemment, cela lui apporte bien des opposants parmi les paroissiens.
En 1976, il décide de quitter la paroisse et de chercher du travail. Il veut se spécialiser dans les jardins et espaces verts.
Pour cela, il fait un stage de paysagiste à St Brieuc, durant un an. Ensuite, il est embauché à Bonchamp, en périphérie de Laval. Très vite, il y dénonce les conditions de travail. Il est licencié et connaît une période de chômage d’environ un an. Ensuite, il est embauché à l’APEI de Château- Gontier ; il y reste un ou deux ans. Il connaît encore une nouvelle période chômage qu’il vit très mal.
Finalement, il trouve une embauche dans un Centre d’anciens toxicomanes, comme éducateur « Espaces verts ». Cet emploi est pour lui passionnant : s’occuper de jeunes voulant sortir de la drogue le motive profondément. Syndiqué à la CFDT, il y milite avec ses collègues de travail.
A quelques années de la retraite il est victime d’un AVC qui l’oblige à finir sa carrière, en arrêt maladie.
Durant toutes ces années, il fait de son domicile (les bâtiments d’une petite fermette), aux portes de Château-Gontier, un lieu d’accueil pour les personnes de passage ou les marcheurs.
Sa santé se dégradant, à cause de la maladie de Parkinson, il quitte sa fermette pour habiter en HLM à Château-Gontier.
Là, il s’investit à fond près des chômeurs et des réfugiés, il participe activement à l’Association « Lycéens-Réfugiés 53 » dont le siège se trouve à Château-Gontier.
La maladie évoluant, il supporte, en silence, l’évolution du mal : il continue, malgré tout, à s’investir à fond près des réfugiés et migrants.
En novembre 2017, on découvre qu’il a un cancer du poumon qui va l’emporter en moins de deux mois.
Depuis 1976, Michel tenait à participer aux rencontres mensuelles de notre équipe P.O. de la Mayenne. Comme chacun de nous, c’était pour lui un besoin de partager avec les copains P.O. ce qu’il vivait au travail, durant ses périodes de chômage, et, durant sa maladie, autant que ses forces le lui permettaient.
Nous retiendrons de lui, sa présence constante près des petits, des chômeurs, des réfugiés et de tous ceux qui souffrent.
Voici ce que disait Hélène avec qui il était engagé à Alter-Egaux, une association locale dénonçant la chasse aux étrangers : « Michel était un militant anti-raciste de la première heure. C’était un grand humaniste qui combattait avec ferveur les injustices de ce monde. Il s’est beaucoup investi dans le « vivre ensemble » et à la fin de sa vie, il a continué de se battre autant que sa santé précaire le lui permettait. Sa gentillesse, son humilité, sa chaleur humaine et ses blagues vont beaucoup nous manquer...Nous perdons, là, un militant intègre et indigné.