GUY
Dans cette période de notre histoire contemporaine si incertaine pour beaucoup, particulièrement pour les précaires…, ouvriers de la dernière heure pointant à l'horloge du chômage, à la galère de jeunesse, celle des petits boulots, quand y a encore cette chance d' être l'heureux pigiste d'un temps partiel.
Dans ce temps, où il devient inconvenant de dénoncer ce - et ceux - qui opprime l'étranger, le Rom, le sans papier, le sans logement, le sdf, l'employée harcelée, le syndicaliste bafoué dans ses responsabilités... que sais-je ?...
Ici et maintenant, en ce lieu de mémoire vivante, avec quelles casquettes, nous prêtres-ouvriers, membres du collectif des PO, pouvons-nous te saluer une dernière fois et te rendre un juste hommage ?
Celle d'ouvrier ?
Casquette de fraiseur, dont tu as appris le métier avant celui de magasinier à la « Général Electric », après avoir décidé, avec l'accord de ton évêque et de son conseil, de tout quitter d'un ministère habituel pour t'enfouir en pleine vie ouvrière...
Celle de militant ?
Casquette de syndicaliste CFDTiste qui a pleinement vécu la condition ouvrière par tes engagements et les effets de tourmentes qu'ils t'ont fait connaître et subir : plan social et l'amertume du licenciement.
Celle de l'homme habillé par le sens de sa dignité et de la justice sociale ?
Parce qu'homme de foi tu croyais dur comme fer en ce Dieu incarné de Jésus-Christ qui t'a attiré, entraîné comme lui à partager la vie et la condition ouvrière à en recouvrir plus que la casquette, l'habit tout entier...
Celle du prêtre ?
Ordonné en 1971 au service paroissial de Palaiseau où tu as manifesté ta prédilection pour les sans droits ni grades...
Celle du prêtre-ouvrier ?
Partageant les débats et l'acte de foi renouvelé de tous les militants, croyants ou non en Jésus, mais partageant la même foi en l’homme pour un monde de paix et de justice.
Celle du prêtre-ouvrier serviteur ?
Partageant les débats et l'acte de foi renouvelé de tous les membres, certes aujourd'hui âgés, mais toujours volontaires, audacieux et téméraires pour vivre la mission d'Eglise et l'aventure de l'Evangile en plein vent...
Partenaire en mission ouvrière et au service des Mouvements d'action catholique de l'ACO et de la JOC...
Jusqu'à celle de secrétaire de l'ENPO !
Casquette que tu as portée parfois dans les souffrances de la responsabilité entre 2002 et 2005.
Celle du frère, que Jean-Claude a su nous faire aimer jusque dans le partage des jours de fortes fragilités de santé...
Ces casquettes décoiffées, nous les déposons à tes pieds pour laisser place à deux attitudes de cœur auxquelles tout de toi nous convie :
L'attitude du silence
que tu préconisais en parlant de la condition ouvrière pour laquelle il faudrait en écrire des centaines de pages, mais pour toi, il s'agissait plus de se contenter du silence de ceux qui ne parlent pas parce qu'ils ne sont pas les grands de ce monde.
L'attitude de l'espérance engagée qui devient prière
invitation qui rappelle à nos mémoires « ton journal de bord » publié dans le « courrier PO » et s'achevant ainsi :
« Pour ne pas conclure.
Les bons amis se diront en voyant cette prose : « Au moins prie-t-il ? Pas assez sûrement. Je ne marche pas qu'à l'émotion.../... Les copains rencontrés, les paroles échangées, l'amitié reçue, nourrissent ma prière. Oui, je le remercie de rencontrer ces « saints » d'aujourd'hui. ... »
Et pour nous tous ce matin, une attitude de prière pour que nul n’oublie que les chemins de la mission passent par l’incarnation. C’est le chemin de Dieu en Jésus et à sa suite celui des prêtres-ouvriers. De là où tu es, Guy, aide notre Eglise à avoir l’audace de vivre cette intuition missionnaire d’incarnation, celle qui a fait naître les Prêtres-ouvriers !