Génocide palestinien
Je ne me fais l’avocat d’aucune violence. Je condamne et regrette toutes les violences qui engouffrent le Moyen-Orient, et qui affectent les peuples d’Israël et de Palestine. Mais l’immoralité du « double standard » de la communauté internationale me scandalise et me donne les haut-le-cœur. Je continue de refuser le mot « terrorisme » dont l’usage actuel est entaché d’hypocrisie on point d’en être pourri. Pourquoi l’explosion de bombes humaines en Israël serait-elle un acte de terrorisme, mais pas le lancement de bombes inhumaines sur la Palestine du haut des airs ? Pourquoi les attaques contre les soldats de la soi-disant « coalition » en Afghanistan ou en Irak seraient-elles du terrorisme, mais pas le sort inhumain et illégal réservé aux victimes du cachot abject de Guantanamo Bay?
Dans un article antérieur, j’ai utilisé l’expression de « génocide palestinien », qui a suscité la surprise, le scandale et la colère chez certains. Je connais les définitions – d’ailleurs très larges et plutôt imprécises – du « génocide » données par divers documents des Nations Unies. Mais il reste que le mot génocide veut dire étymologiquement l’acte ou l’effort de provoquer la mort d’une nation (génos). Si le fait d’empêcher systématiquement un peuple durant plus d’un demi-siècle de se constituer en nation et d’avoir son propre pays, et le fait de garder ce peuple – privé de la majeure partie de son territoire -- dans des camps de réfugiés, où règne une pauvreté abjecte, et de le soumettre à des humiliations constantes et systématiques, à une occupation civile et militaire et à toutes sortes de harcèlement, ne peut s’appeler « génocide », que les grammairiens m’inventent un néologisme, car aucun autre mot d’aucune langue moderne n’existe pour décrire une telle situation.
30 juin 2006
Armand Veilleux, ocso
Abbé de Scourmont