Textes d'Eglise
La différence des sexes est primordiale (2012)
L'Eglise entend la demande sincère des homosexuels qui veulent s'engager dans une relation durable. Mais cela ne permet pas de faire l'impasse sur la différence sexuelle
« La société, tout comme l’Église dans le domaine qui lui est propre, entend cette demande de la part des personnes homosexuelles et peut chercher une réponse. Tout en affirmant l’importance de l’altérité sexuelle et le fait que les partenaires homosexuels se différencient des couples hétérosexuels par l’impossibilité de procréer naturellement, nous pouvons estimer le désir d’un engagement à la fidélité d’une affection, d’un attachement sincère, du souci de l’autre et d’une solidarité qui dépasse la réduction de la relation homosexuelle à un simple engagement érotique. Mais cette estime ne permet pas de faire l’impasse sur les différences. La demande des personnes homosexuelles est symptomatique de la difficulté qu’éprouve notre société à vivre les différences dans l’égalité. Plutôt que de nier les différences en provoquant une déshumanisation des relations entre les sexes, notre société doit chercher à garantir l’égalité des personnes, tout en respectant les différences structurantes qui ont leur importance pour la vie personnelle et sociale. »
Extrait du texte du conseil Famille et société de la Conférence des évêques de France, septembre 2012.
Homosexualité : qu'en dit l'Eglise ?
Théologienne, soeur Véronique Margron est spécialiste des questions de morale sexuelle. Enseignante, elle fait aussi de l'accompagnement individuel. Elle présente la position de l'Eglise sur l’homosexualité.
La Bible n'est pas tendre avec l'homosexualité, et dans le Nouveau Testament saint Paul ne l'est pas davantage. Que faut-il en penser ?
En fait, la Bible parle peu de l'homosexualité. Le passage, bien connu, sur Sodome et Gomorrhe semble porter condamnation de la violence sexuelle, du viol et de la trahison de l'hospitalité plus que de l'homosexualité elle-même. Le Lévitique est plus explicite. Saint Paul également. Et ils sont très durs. La plupart des moralistes s'accordent néanmoins sur l'idée que c'est trop peu pour pouvoir en tirer une théorie. Cela nous oblige à déplacer la question qui dès lors, devient la suivante: comment la Bible parle-t-elle d'une manière générale, de la sexualité humaine, des relations érotiques et amoureuses, et en quoi cela interpelle-t-il l'homosexualité ?
Précisément, comment en parle-t-elle ?
Le message biblique repose sur la différenciation sexuelle et la place de la parole. Dieu créa l'homme et la femme. Ce n' est pas un hasard. Cette différenciation reconnue par la parole a quelque chose à voir avec la Révélation chrétienne. C'est dans la relation à l'autre sexe, toujours un peu mystérieux et inaccessible, que nous pressentons la différence de Dieu et sa proximité. C'est grâce à la différence des sexes que le don de la vie est rendu possible et à travers lui la transmission du nom de Dieu au fil des générations. Il y a là une réalité incontournable. Or, c'est une symbolique, le lien entre la parole, les différences des sexes et des générations, que les personnes homosexuelles ne peuvent, de fait, assumer. Dire cela n'est pas porter un jugement sur les personnes.
Que dit l'Eglise catholique aujourd'hui ?
L'Eglise ne condamne pas l'homosexualité en tant que telle. Elle connaît les découvertes opérées dans le domaine des sciences humaines. Elle sait que l'homosexualité n'est pas un choix volontaire de la personne, mais un état de fait, une donnée de la réalité psychosexuelle qui trouve sa source, de façon complexe, sans cause unique, dans la petite enfance. Le catéchisme de l'Église catholique distingue donc les "tendances" homosexuelles, qui sont involontaires et ne justifient ni mépris ni condamnation des personnes, des "actes" homosexuels jugés, eux, "désordonnés" car contraires à cette loi de différenciation.
N'est-ce pas irréaliste et même un peu "sadique" de demander à des personnes dont ce n'est pas le choix une continence absolue en matière sexuelle ?
Je ne vois pas comment le Magistère pourrait, aujourd'hui, dire autre chose puisqu'il ne reconnaît la légitimité des rapports sexuels que dans le cadre d'un mariage hétérosexuel indissoluble, ouvert sur la fécondité du couple par la procréation. Autant de conditions qui ne remplissent, évidemment pas, les personnes homosexuelles.
L'essentiel pour chacun, est d'essayer de comprendre en quoi ce que dit le Magistère, et au-delà la vie chrétienne, peut l'aider à vivre là où il en est pour être plus heureux. Car l'objectif final n'est ni de punir ni de contraindre, mais bien de permettre à chacun de guérir de la mésestime de soi, et d'entrer alors dans ce travail d'altérité et de bonne proximité, auquel nous sommes tous conviés.
Or, bien souvent, l'erreur est de croire qu'il suffirait à la personne homosexuelle d'une société tolérante et d'une vie de couple. L'expérience montre que les choses sont plus complexes. Par ailleurs, depuis l'exhortation apostolique Familiaris Consortio de Jean-Paul II, le Magistère reconnaît un principe de gradualité, de progressivité éthique en matière de sexualité. Ne tombons pas dans le piège du permis et du défendu. Grandir en humanité, pouvoir aimer dans une affectivité homosexuelle reste une démarche de liberté mais ne peut s'opérer sans respecter certains interdits fondateurs. Comme pour chacun d'entre nous.
C'est ce qui justifie l'hostilité de l'Eglise catholique, hier au Pacs, et aujourd'hui au mariage ou à l'adoption pour des couples homosexuels ?
Ce sont là des réalités différentes à ne pas confondre. On ne peut pas à la fois reprocher aux homosexuels une difficulté à se fixer sur une relation stable et instituée et leur contester le droit de bénéficier, précisément, d'une forme d'institution. Le Pacs est une aberration juridique. Mais il a le mérite de reconnaître, socialement, une forme de conjugalité homosexuelle distincte du mariage. Si l'Eglise dit non à l'un et à l'autre pour les homosexuels, c'est pour les raisons anthropologiques et symboliques évoquées plus haut.
Il serait dangereux de laisser croire qu'on peut se dispenser du principe fondateur de la distinction des sexes et des générations. Une relation homosexuelle, marquée par l'amour, si légitime et respectable soit-elle au niveau du vécu des personnes, ne peut pas avoir le même statut social qu'une relation hétérosexuelle. Prétendre le contraire, c'est laisser croire que nous aurions tout pouvoir sur le vivre ensemble, comme si aucune loi fondatrice ne nous précédait.
Véronique Margron
Véronique Margron fut doyenne de la Faculté de théologie à l'Université Catholique de l'Ouest (UCO) entre 2005et 2010. Elle est aujourd'hui professeur de théologie morale dans ce même établissement.Elle travaille plus particulièrement les questions liées à la vie affective et les grandes interrogations de nos sociétés : la bioéthique, la souffrance, la solitude.
Véronique Margron, religieuse dominicaine, professeur de théologie morale (UCO) auteur du livre " Fragiles existences" ( Bayard) Prix des Ecrivains croyants 2011 dans la série "Essai" ; novembre 2004
Extrait de "Orientations éducatives sur l'amour humain" (1983)
"Encourager la croissance de l'individu dans la maîtrise de soi".
"L’homosexualité, qui empêche la personne de parvenir à sa maturité sexuelle, autant du point de vue individuel qu’interpersonnel, est un problème qui doit être assumé par le sujet et par l’éducateur en toute objectivité. (…) La tâche de la famille et de l’éducateur sera de chercher avant tout à découvrir les facteurs qui poussent vers l’homosexualité (…) en tenant compte des éléments de jugement proposés par le magistère et en se servant de la contribution que peuvent offrir diverses disciplines. (…) Après avoir cherché et compris les causes, la famille et l’éducateur offriront leur soutien, en accueillant avec compréhension, en créant un climat de confiance, en encourageant l’émancipation de l’individu et sa croissance dans la maîtrise de soi, en suscitant un authentique effort moral vers la conversion à l’amour de Dieu et du prochain."
Congrégation pour l’éducation catholique, Orientations éducatives sur l’amour humain, 1983.
Extrait de Persona humana (1975)
"Les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés".
« Parmi les homosexuels qui sont définitivement tels par une sorte d’instinct inné ou de constitution pathologique jugée incurable (…), certains concluent que leur tendance est à tel point naturelle qu’elle doit être considérée comme justifiant, pour eux, des relations homosexuelles dans une sincère communion de vie et d’amour analogue au mariage en tant qu’ils se sentent incapables de supporter une vie solitaire. Certes, dans l’action pastorale, ces homosexuels doivent être accueillis avec compréhension (…). Leur culpabilité sera jugée avec prudence. Mais nulle méthode pastorale ne peut être employée qui, parce que ces actes seraient estimés conformes à la condition de ces personnes, leur accorderait une justification morale. Selon l’ordre moral (…), les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et ils ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation. »
Congrégation pour la doctrine de la foi, Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle, Persona humana, 1975.
Sur la pastorale des personnes homosexuelles (1986)
Les homosexuels sont des personnes libres et responsables
Il faut fermement déplorer que les personnes homosexuelles aient été et soient encore l’objet d’expressions malveillantes et de gestes violents. Pareilles réactions méritent la condamnation des pasteurs de l’Église. (…) Quand on introduit une législation civile pour protéger un comportement auquel nul ne peut revendiquer un droit quelconque, ni l’Église ni la société dans son ensemble ne devraient s’étonner que d’autres opinions et pratiques déviantes gagnent également du terrain et que croissent les réactions irrationnelles et violentes. (…) On doit éviter la supposition que le comportement homosexuel est toujours et absolument compulsif, et dès lors irresponsable. Il faut reconnaître à ceux qui ont une tendance homosexuelle la liberté fondamentale qui caractérise la personne humaine et lui confère sa dignité particulière. En raison de cette liberté, l’effort humain, éclairé et soutenu par la grâce de Dieu, pourra leur permettre d’éviter l’activité homosexuelle.
Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre aux évêques sur la pastorale des personnes homosexuelles, 1986.
Textes d'Eglise
A propos du projet de Pacs (1998)
"Seule la relation hétérosexuelle peut être qualifiée de couple".
« Pour certains, l’objet principal des mesures envisagées est de fournir une reconnaissance sociale à la relation homosexuelle. Ils revendiquent un “mariage” pour les homosexuels, voire l’adoption d’enfants. Or il n’y a pas d’équivalence entre la relation de deux personnes du même sexe et celle formée par un homme et une femme. Seule cette dernière peut être qualifiée de couple, car elle implique la différence sexuelle, la dimension conjugale, la capacité d’exercer la paternité et la maternité. L’homosexualité ne peut pas, à l’évidence, représenter cet ensemble symbolique. (…) A-t-on suffisamment mesuré que la recherche à tout prix du semblable ou de l’identique est en soi une source d’exclusions ? La société ne peut pas se construire sur la recherche de la similitude (…) : il n’y a ici aucune discrimination, aucun rejet de qui que ce soit, mais une reconnaissance des conditions nécessaires à la vie en société. »
Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, À propos du projet de pacs, 1998.
La différence des sexes est primordiale (2012)
L'Eglise entend la demande sincère des homosexuels qui veulent s'engager dans une relation durable. Mais cela ne permet pas de faire l'impasse sur la différence sexuelle.
« La société, tout comme l’Église dans le domaine qui lui est propre, entend cette demande de la part des personnes homosexuelles et peut chercher une réponse. Tout en affirmant l’importance de l’altérité sexuelle et le fait que les partenaires homosexuels se différencient des couples hétérosexuels par l’impossibilité de procréer naturellement, nous pouvons estimer le désir d’un engagement à la fidélité d’une affection, d’un attachement sincère, du souci de l’autre et d’une solidarité qui dépasse la réduction de la relation homosexuelle à un simple engagement érotique. Mais cette estime ne permet pas de faire l’impasse sur les différences. La demande des personnes homosexuelles est symptomatique de la difficulté qu’éprouve notre société à vivre les différences dans l’égalité. Plutôt que de nier les différences en provoquant une déshumanisation des relations entre les sexes, notre société doit chercher à garantir l’égalité des personnes, tout en respectant les différences structurantes qui ont leur importance pour la vie personnelle et sociale. »
Extrait du texte du conseil Famille et société de la Conférence des évêques de France, septembre 2012.