Lettre circulaire de Christian HERWARTZ, prêtre ouvrier jésuite, à Berlin.
Dimanche 20 décembre 2015
Chèr(e)s ami(e)s et connaissances,
A vous tous une cordiale salutation pour la fête de Noël qui vient et pour l'année nouvelle 2016.
Nous vivons ici dans la communauté jésuite de Kreutzberg à Berlin une étape cruciale.
Un changement de génération se profile, et nous ne savons pas encore comment il doit se faire.
Il y a 40 ans, nous, Jésuites, avons reçu la mission d'explorer des chemins de conversion, de chercher une vie engagée pour la foi et la justice. Nous sommes entrés à l'usine et nous avons accepté des emplois manuels pour surmonter le fossé entre intellectuels et ouvriers. De ce fait, nous avons suivi le message des prêtres ouvriers français qui s'étaient fait un devoir d'aller en Allemagne comme ouvriers immigrés, pour soutenir leurs compatriotes français exilés en Allemagne par la guerre.
Etaient-ils découverts, ils aboutissaient en camp de concentration.
A partir de cette expérience de proximité à la misère humaine, mais aussi de lien avec l' Eglise, le Concile Vatican II ouvrit la voie à ce ministère sacerdotal dans l'Eglise, après quelques combats internes.
Après un temps de préparation en France, nous fûmes trois Jésuites à emprunter ce chemin à Berlin. Nous avons cherché du travail et un logement, et bientôt des personnes de notre quartier rejoignirent notre petite communauté.
Quelques années plus tard, notre communauté accueillit des personnes en difficulté, que nous pouvions souvent protéger contre des poursuites. C'est ainsi qu'elle est devenue un creuset de cultures et de religions, selon le vœu des rencontres internes de l'ordre des Jésuites (GK).
Après le décès de Franz KELLER en janvier 2014, je restais seul. Durant un certain temps, j'ai pu faire fonctionner correctement la maison. Comme l'ordre des Jésuites ne pouvait pas envoyer de confrère, j'ai recherché d'autres personnes qui voulaient continuer la communauté d'adultes avec sa riche histoire avec des personnes dans le besoin. Mais aussi de plus en plus de personnes y venaient avec une grande faim religieuse : avec l'expérience des exercices spirituels dans la rue elles apprenaient à aller plus loin. Ces exercices spirituels ont démarré ici il y a 20 ans.
J'ai bon espoir que ce changement de génération peut réussir ici, car depuis un an une femme habite chez et porte ce souci. Et un homme de Munster vient toutes les semaines pendant deux jours avec le même souhait. Malheureusement, l'an prochain il ne pourra pas venir plus souvent.
Dans ces conditions, le transfert de la communauté à des responsables extérieurs n'est pas garanti.
L'Esprit Saint nous invite encore à plus de confiance. A nous trois, nous sommes à la recherche d'un homme qui pourrait porter cet engagement avec nous. Peut-être seulement provisoirement, pour une année sabbatique, peut-être même un prêtre qui souhaite prendre du recul, car nous avons toujours constaté à quel point la célébration religieuse nous rassemble, à la fin des soirées communautaires, même après des affrontements violents, et offre la paix à tous ceux qui souffrent de blessures.
Je me permets d'insister auprès de vous : portez avec nous cette préoccupation pour trouver la personne qui nous manque.
La fête de la transmission de notre communauté jésuite à la prochaine génération est prévue pour le 16 avril 2016. Après cela, nous iront ailleurs.
Je compte sur votre prière et la confiance à l'ange de Dieu qui a jadis aidé Marie, Joseph et l'enfant à s'en sortir.
A vous tous je souhaite une fête de Noël bénie.
Nous attendons un signe qui nous guide vers le ciel ouvert, au-dessus d'une taverne qui se nomme « Porte de l'Enfer ».
Christian Herwartz